En déplacement à Beyrouth, le ministre des affaires étrangères s’est entretenu avec diverses figures politiques libanaises. Parmi elles, Jean-Yves le Drian a pu échanger avec le Président Michel Aoun, le premier ministre désigné Saad Hariri, chef de file du camp sunite, ainsi que le président du Parlement Nahib Berri. C’est la quatrième fois en un an que le ministre se rend au Liban, mais la première qu’il rencontre une délégation de l’opposition. Jean-Yves le Drian s’est en effet entretenu avec des représentants d’une dizaine de partis et collectifs issus de la « thawra », mouvement de protestation antisystème de l’automne 2019. Cette ouverture du dialogue avec l’opposition concrétise d’une certaine façon la promesse de « changer d’approche » qu’avait formulée Emmanuel Macron en mars 2020.
> « Nous refusons de rester inactifs face à cette obstruction »
À l’occasion de cette visite, le ministre des affaires étrangères a pu affirmer la position de la France face à la situation de blocage politique et de corruption dans laquelle se trouve le pays. « Jusqu’à ce jour, je constate que les acteurs politiques n’ont pas encore assumé leurs responsabilités et ne se sont pas encore mis à travailler sérieusement au redressement rapide du pays. S’ils n’agissent pas dès aujourd’hui dans un sursaut responsable, ils devront assumer les conséquences de cet échec, et les conséquences du reniement des engagements qu’ils avaient pris ici-même, le 1er septembre dernier, devant le président de la République » assure Jean-Yves le Drian. Le ministre a également évoqué les mesures restrictives en matière d’accès au territoire français pour les coupables. Ces dernières, précise-t-il, pourraient être durcies et étendues si le blocage politique persistait. Aucun détail n’a cependant été donné concernant ces mesures de restriction.
> L’engagement de la France
Ce déplacement fut aussi l’occasion pour Jean-Yves le Drian d’aller à la rencontre de la société civile libanaise, dont la moitié vit aujourd’hui sous le seuil de pauvreté. Dans un communiqué de presse, le ministre a rappelé le soutien de la France envers la population, notamment dans quatre secteurs-clés. La France a en effet investi dans la reconstruction et la préservation du patrimoine, l’accès à l’alimentation, le soutien au secteur médical et sanitaire et le soutien aux écoles et au secteur éducatifs, quatre domaines particulièrement ébranlés par la crise. Le chef de la diplomatie s’est d’ailleurs rendu dans l’école des Saints-Cœurs Sioufi et dans un centre de santé du quartier de Bourj Hammoud pour observer les résultats des actions de soutien français.
> 2022, année décisive pour l’avenir du pays
Au cours d’une conférence de presse, Jean-Yves le Drian a souligné à plusieurs reprises l’importance des efforts de la société civile libanaise pour préserver « l’avenir du Liban, son modèle de société, son unité dans sa diversité, la coexistence pacifique de ses communautés et de ses cultures ». Le ministre a également exprimé l’espoir qu’il plaçait dans les élections de 2022 pour être la manifestation de la souveraineté du peuple libanais. « Préparer l’avenir, c’est aussi miser sur la force et la vitalité de la démocratie libanaise et la mobilisation de tous ses citoyens, notamment de sa jeunesse, pour permettre la réaffirmation d’un État qui soit à même de répondre aux besoins et aux aspirations légitimes de sa population » affirme le ministre.